Ma croisière sur un voilier en Croatie

Une semaine de croisière en mer, à voguer au gré du vent, sous le soleil du sud… Se réveiller aux premières lueurs du jour en mer, admirer le coucher de soleil sur l’horizon, découvrir des plages inaccessibles par les terres, se jeter dans la mer à tout heure du jour et de la nuit depuis le pont… Partir en voilier découvrir l’immensité de la mer, les îles de la Croatie et la liberté. Voilà mon journal de bord pour vous embarquer avec moi dans ce voyage tout particulier et en espérant que vous prendrez autant de plaisir à me lire que j’en ai eu à vous rédiger ces lignes sur cette expérience magique.

Tout a commencé l’été passé, lorsque ma maman et moi préparions la fête surprise que nous avons organisé pour les 60 ans de mon papa. Nous voulions lui offrir un cadeau spécial, inoubliable. En termes de voyage, mon papa nous a tellement gâtées depuis toujours en nous faisant découvrir tant d’endroits que c’était difficile d’imaginer quelque chose qu’on n’ait pas déjà fait. Et puis nous avons pensé à une escapade un peu différente… Partir non pas sur terre mais sur mer. Louer un voilier et voguer en famille entre des îles européenne. C’est donc le cadeau que nous lui avons offert et que nous avons préparé durant plusieurs mois !

Nous avons réservé l’entier de ce voyage avec l’agence de voyage Simone Evasion qui a été de très bons conseils et qui nous a organisé une croisière sur-mesure de nos envies ! Je vous recommande chaudement de la contacter si vous avez envie d’une escapade en mer. Nous avons eu le choix du bateau (plus le voilier est ancien, moins il est cher), du lieu (nous avons choisi la Croatie car c’est une région que nous connaissions très peu), du membre de l’équipage (nous avons eu un skipper toute la semaine avec nous qui s’est occupé du bateau et de nous faire découvrir les plus beaux spots de la région) et de toutes les options que nous souhaitions (nous avons notamment demandé à avoir deux paddles sur le bateau). 

Grâce à Simone et à ses réponses rapides, cela a été très facile de préparer cette semaine sur le voilier de notre choix. Tout s’est compliqué un peu avec le COVID, lorsque nos vols pour la Croatie ont été annulés… Nous avons failli renoncer à partir, avons élaboré d’autres idées de trajet en prenant des vols avec des escales dans toute l’Europe, avons voulu repousser le voyage et nous avons finalement décidé de nous rendre à Split en voiture (13h de route approximativement depuis Lausanne). C’est donc un vendredi après-midi que toute la famille s’est entassée dans l’Audi familiale pour affronter la route et rejoindre la mer !

Avec une escale à Padoue en Italie à l’aller et à Venise au retour, le trajet n’a pas été si interminable que ça. On ne s’est (presque) pas engueulé et on a (presque) trouvé une playlist Spotify qui convenait à tout le monde.

On a retrouvé Ratko – notre skipper pour la semaine – à Marina Kremik, sur la côte croate, à une heure de Split en voiture. Ratko a été un skipper formidable tout au long de la semaine et surtout, quelqu’un d’admirablement gentil, souriant, sympathique et intéressant. Professeur à l’université dans le domaine de l’IT, passionné par l’intelligence artificielle, il n’avait pas seulement de grandes connaissances de l’océan. Il nous a traité mes sœurs et moi comme des princesses, en sauvant Sorya qui s’échouait sur son paddle 😂, en m’amenant sur la terre ferme quand la mer était trop agitée et que mon estomac ne suivait pas, en enseignant à Khalyane les bases de la voile. Il nous a emmené dans des petits restaurants qui surplombaient la mer, dans des criques désertes, dans des eaux turquoises pour nous baigner, nous a fait voguer, voile dépliée, entre les différents trésors de cette région qu’il connait si bien. Et en plus de nous guider en travers la Croatie, Ratko nous a cuisiné des plats excellents sur le barbecue du bateau ! Poissons frais, crevettes, légumes, pommes de terre… Nous n’aurions pu rêver avoir un skipper plus parfait pour cette semaine. Hvala vam Ratko.

Ce qui avait été convenu à la base était que nous voguerions vers les îles Cornati au nord, afin d’éviter l’afflux de touristes en été dans le sud de la région. Cependant, après discussion avec le skipper, il nous a avoué que même pas 20% des touristes habituels visitaient la Croatie cet été avec le COVID… Et que c’était une chance exceptionnelle pour nous de découvrir le sud tant convoité sans la foule ! On n’a pas hésité longtemps et nous avons donc décidé de partir au sud et de revenir pour le nord une autre fois. Et Ratko disait vrai – nous avons passé une semaine de rêve, sans avoir à réserver de table dans les restaurants, de place dans les ports, en étant seuls à déambuler dans les petits villages côtiers de la Croatie. Cela faisait mal au cœur pour l’économie locale, mais quel bonheur pour nous de découvrir tous ces endroits magnifiques sans devoir nous frayer un chemin entre les groupes de touristes agglutinés. 

Nous chargeons le bateau et retrouvons notre skipper à Marina Kremik à côté de Primosten, sur la côte en début d’après-midi.

Nous allons également faire des grandes courses au supermarché, remplir le frigo de tous les essentiels pour la semaine. Nous nous répartissons dans les petites cabines du voilier, rangeons nos affaires et nous sommes prêts pour le grand départ. Il y a 4 cabines qui possèdent deux couchettes chacune sur le bateau. On a aussi deux salles de bain avec douche et WC, une cuisine et un coin salon dans la coque. Nous passerons cependant la majorité de notre semaine dans le salon extérieur et sur le pont. 

Au moment de quitter le port, l’émotion est au rendez-vous. Ce voyage en famille dont on se réjouit tant depuis une année est enfin là ! On a tous le sourire aux lèvres quand, répartis entre les canapés de l’arrière et le pont de devant, nous quittons le port pour notre première traversée. On vogue tout l’après-midi sur une mer un peu agitée et sous un soleil éclatant. 

Alors que les vagues heurtent la coque du bateau et nous font nous balancer de gauche à droite, au rythme de notre traversée, le soleil descend gentiment à l’horizon.

Le ciel bleu azure se teinte de rose et de orange, les ombres s’allongent, nos peaux tannées par le soleil de la journée se parent de couleurs chaudes. Mes cheveux et les soucis s’envolent, on est libre, libre d’aller où on le souhaite, avec nos rêves et les gens qu’on aime. 

C’est peut-être ça, le bonheur… Une voile et ceux qui comptent.

Nous arrivons finalement dans le petit port du village de Zarin, sur Zarin Island, pour souper et passer la nuit. On ouvre une bouteille de vin Croate pour célébrer cette première journée et on trinque à l’arrière du bateau, installés dans nos canapés, tellement excités en pensant à la semaine qui arrive et tellement heureux d’être tous ensemble. 

La première nuit sur le bateau, qu’on appellera la nuit de l’adaptation, a été mouvementée et maigre en sommeil. Pas habituée à me sentir aller de gauche à droite en dormant, je me réveille plus d’une fois, parfois en sursaut quand la bouée à l’extérieur vient frapper la coque. J’ai l’impression que mon lit ondule et que je vais tomber 😅. Cependant, je vous rassure, après cette première nuit, j’ai dormi comme un bébé, bercée par les vagues. 

On se réveille dans un port complétement vide et après un petit-déjeuner aux premières lueurs du jour (on était tous debout à 7h, pas encore habitués aux lits à remoux), on reprend la mer pour ce qui sera, notre plus longue traversée de la semaine.

Après quelques minutes sur l’eau, le skipper nous propose notre première baignade de la semaine. On se jette à l’eau avec bonheur sous la chaleur déjà étouffante de ce début de journée. Sorya gicle papa, papa pousse Khalyane, Khalyane entraine maman dans la mer. Et moi j’essaie de rester hors de la guerre pour entrer dans l’eau tranquillement 😂.

C’est les cheveux mouillés et plein de sel que l’on vogue ensuite durant cinq heures pour relier Zarin à Komiza sur la célèbre île de Vis.

On arrive en milieu d’après-midi dans ce petit village portuaire aux maisons aux briques blanches. On part directement à la plage profiter de nous baigner et prendre le soleil depuis la rive. La plage de galet est occupée par quelques locaux, mais aucun touriste à l’horizon. 

Le soir nous découvrons avec plaisir les petites ruelles de la ville, et nous allons manger des fruits de mer au coucher du soleil dans un restaurant située juste au bord de l’eau.

Après avoir déjeuné dans le calme du port, seulement perturbé par le bruit des moteurs des petits bateaux de pêche qui s’en vont vers le large, nous nous en allons pour notre première petite escale de la journée, la pause baignade. 

Nous voguons ensuite paisiblement en logeant le sud de l’île de Vis, en admirant les formations rocheuses et les cavernes creusées par la mer le long de la côte. 

Le skipper arrête le voilier à une cinquantaine de mètres d’une petite plage de galets, un endroit connu dans la région appelé Stiniva Beach. On se jette à l’eau et on nage jusqu’au rivage où on se réchauffera sur les pierres blanches. C’est en faisant une course en paddle qu’on reviendra sur le bateau (nous gagnons haut la main après avoir volé la pagaie à papa 😄) !

On fait notre pause lunch dans la baie que j’ai préférée. Je n’ai jamais vu de ma vie une eau aussi turquoise et un endroit aussi paisible. Cette baie, appelée Silver Beach, est un véritable trésor.

Fidèles à chacune de nous, Khalyane fait du yoga paddle, Sorya des périlleux depuis le ponton et je suis plongée dans le dernier Joël Dicker. 

Ce soir-là, nous dormons dans la baie Stoncica, baie sauvage au sud de l’île de Vis, sous les étoiles. Après-midi paddle et lecture, soirée barbecue et poisson frais du marché. On entend seulement depuis le bateau le bruit des criquets et des vagues qui touchent gentiment le rivage.

Ce matin, la mer est agitée et des nuages remplissent le ciel. Ratko nous assure que le beau temps reviendra en début d’après-midi mais en attendant, le vent est fort et mon estomac pas au top de sa forme. Je le supplie de m’amener sur la plage avec le petit bateau à moteur qu’on a sur le voilier et je vais donc m’échouer quelques heures sur la terre ferme en attendant que la mer se calme 💀. Je prends un livre et me distrait avec le spectacle que m’offrent mes deux sœurs qui ont transformé leur paddles en planche de surf et qui tentent de rester debout avec les vagues. C’est un sacré show 😂.

Ratko a raison, en début d’après-midi le vent se calme et le soleil fait son apparition. On reprend la mer et on se dirige cette fois sur la capitale de l’île, Vis, village célèbre où a été tourné Mamma Mia 2.

Apparemment, le lieu est extrêmement populaire durant l’été mais nous nous retrouvons dans un port à moitié vide et face à des ruelles désertiques. Le COVID-19 a frappé fort la région.

On passe le reste de l’après-midi à nous balader dans les ruelles de ce village rendu célèbre par les aventures de Donna et de Sophie. Le village est magnifique, plein de fleurs, de maisons aux briques blanches, de petites terrasses qui donnent sur la mer, de bars sous les palmiers, de restaurants pittoresques et d’églises construites il y a longtemps et qui ont survécu bien des tempêtes.

Mes sœurs et moi étant des grandes fan de Mamma Mia, on est très tristes de rater la diffusion du film en plein air du vendredi. Apparemment, chaque semaine ils diffusent ce film face à la mer et sous les étoiles. N’hésitez pas à calculer votre coup pour être de passage sur une journée de diffusion, je regrette de ne pas avoir eu la chance de le faire. 

Si vous souhaitez vous allonger dans des canapés pour boire un verre, je vous conseille le bar Lambik, dans la vieille ville. 

Pour manger, une seule adresse : le restaurant Pojoda. Un de mes préférés des vacances. C’est dans une cour interne, au milieu des plantes et sous des guirlandes lumineuses qu’on mangera des pâtes au lobster incroyables. Ils nous ont également servi un très bon vin, que nous avons ramené en souvenir. Le lieu est splendide et paisible, la nourriture excellente, les serveurs attentifs. Un vrai petit coin de bonheur.

Et pour le dessert, si vous souhaitez manger une glace aux parfums originaux, n’hésitez pas à vous rendre au glacier Pa ti odoli pour bien terminer la soirée. 

On se réveille dans un port étonnement calme. Le bateau ne tangue presque pas, à se demander en ouvrant les yeux si on est toujours sur l’eau. On profite d’être de passage dans une ville pour faire le plein de fruits, de légumes, de poisson, de viande, de pain frais et de pâtisseries.

On passe donc les premières heures du jour au marché, chez le poissonnier et dans des boulangeries pour remplir le frigo de produits frais de la région. On partira aussi avec un souvenir de la veille et on s’arrête dans un bar pour acheter une dizaine de bouteilles du vin rouge de l’île qu’on a tellement apprécié. 

Après un petit-déjeuner dans le port sous le doux soleil du matin, on quitte la ville de Mamma Mia, pour trois heures de voile. On s’arrête pour notre petit plongeon matinal dans une baie et le vent s’est levé, on peut sortir les voiles ! 

On vogue durant plusieurs heures grâce au vent sous un soleil éclatant, avec la playlist de Mamma Mia qui tourne en boucle et qui nous fait chanter à tue-tête. Le skipper apprend à ma sœur à manier la barre et on l’appellera désormais Moussaillonne ⚓️.

On a la chance de voir des dauphins qui se donnent en spectacle pour nous. Ils sautent au-dessus des vagues et semblent suivre notre bateau. Ils sont nombreux et c’est magique de voir des dauphins sauvages, libres, qui s’approchent sans crainte du voilier avant de repartir au loin. 

On arrive en milieu d’après-midi à l’île de Hvar et on s’arrête juste en face à Paklinski Island pour passer la fin de la journée et la nuit.

L’eau scintille sous les derniers rayons de soleil et seuls les criquets sur les rivages et le bruit des vagues viennent troubler le calme de la baie.

Le soir, on mange du poisson frais, cuit au barbecue sur le bateau, alors que le soleil s’est couché à l’horizon sous un ciel rose pastel. Demain, on ira visiter la ville de Hvar.

On quitte Paklinski Island tôt le matin pour aller visiter la ville prisée de Hvar. Ma sœur et moi étions déjà venues deux ans auparavant, nous ne remontons donc pas jusqu’en haut du fort de la ville. Cependant, si vous êtes de passage à Hvar, je vous recommande chaudement d’enfiler une paire de basket et d’affronter les escaliers. La vue depuis le fort qui domine la ville est splendide. Vous pouvez apercevoir toutes les îles de la région depuis ce point de vue unique.

Il y a toujours autant peu de monde dans les rues et aux terrasses des restaurants. On se balade dans les ruelles, on flâne dans les boutiques de bijoux et de coquillages et on boit un café glacé à l’ombre.

L’architecture de la ville est très belle et bien préservée. On admire les clochers, les maisons, les arches avant de revenir sur le bateau avec une tranche de pizza pour repartir en mer.

On vogue jusqu’à un autre coin de paradis que connaît notre skipper, la baie Bobovisca sur l’île de Brac pour passer la nuit. On arrive au coucher du soleil dans ce bras de mer qui s’étend entre deux rives fleuries. De petites maisons en pierre sont logées au bord de l’eau, avec des rideaux blancs qui se balancent doucement aux grés du vent et des terrasses remplies de fleurs.

On se baigne avec la lumière orangée de fin de journée et je vais m’asseoir sur un des petits pontons de pierre que l’on trouve au bord de l’eau jusqu’à ce que le soleil disparaisse derrière l’horizon. 

Ratko nous emmène ensuite avec le petit bateau gonflable à moteur dans le minuscule port de la baie pour trinquer à cette semaine exceptionnelle que nous vivons. On s’assoit sur des chaises en bois de l’unique bar du coin, en compagnie de locaux, pour la plupart venant de Split et fuyant les chaleurs de la ville. 

Le réveil à Bobovisca est à la foi doux et festif. La baie est si calme. Mais nous célébrons l’anniversaire de ma maman ! C’est donc petit déjeuner pancakes et sirop d’érable à l’arrière du bateau. Nous allons prendre un dernier capuccino dans le petit bar du port avant de reprendre la mer.

Je resterais bien plus longtemps dans ce petit paradis… Prochaine destination, Maslinica sur l’île de Solta. 

Après une baignade sur la petite plage de galets du village, une glace dans le port et une douche bien méritée, on se retrouve dans le port pour aller manger dans un des plus beaux restaurants qui m’a été donné de découvrir, le restaurant Martinis – Marchi.

Situé sur le port, face à la mer, avec une immense terrasse couverte, c’est un lieu magique.

Tous les plats sont délicieux. J’ai mangé la meilleure soupe au poisson de ma vie et des tortellinis à la truffe divins. L’hôtel du restaurant est tout autant paradisiaque nous apprend Ratko, je me promets donc de revenir un jour ici avec Greg. Il doit vraiment goûter à cette soupe au poisson 😄.

Le dernier jour sur le voilier est arrivé et c’est donc plein de nostalgie que nous voguons sur une mer d’huile, en sachant que chaque vague nous rapproche plus de la fin du voyage.

On profite encore avec un sourire mélancolique de nous baigner, de sauter depuis le ponton et de bronzer sur le pont en admirant l’horizon. C’est aussi l’anniversaire de mon papa en ce samedi 11 juillet (oui mes deux parents se suivent 😉) et nous profitons de ces derniers moments de liberté en famille avant le grand retour vers la Suisse et la reprise du quotidien.

Nous arrivons à Marina Kremik dans l’après-midi. Les au revoirs avec Ratko sont touchants et on se promet de s’écrire, de s’envoyer des photos, de se revoir un jour. Lui il reprend la mer, pour une autre croisière, avec d’autres âmes vagabondes, avides de découvrir la région. Nous, nous repartons, les cheveux plein de sel et le cœur plein de souvenirs de cette semaine inoubliable que nous venons de vivre… Alors que les paysages défilent par la fenêtre de la voiture et que la mer s’éloigne derrière nous, je me souviens de ces nuits étoilées passées dans les baies, ces couchers de soleil sur le pont, ces baignades dans les eaux turquoises d’une côte sauvage, le bruit des vagues et des rires, l’odeur de la liberté. 

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